samedi 21 mai 2016

Chapitre 7: Recherche

Chapitre VII

Recherche

     Daryl Blake et son stagiaire Jimmy Maney venaient de déposer leurs deux passagers au Sud du lagon artificiel, dans le quartier des hôtels de l’île. Ils se trouvaient toujours dans le 4x4 Mercedes Classe G argenté aux couleurs de Jurassic World et partaient en direction du Centre des employés situé dans la Restricted Area.
     Ils atteignirent la porte 5 de la grande clôture électrifiée qui faisait office de frontière entre le parc et le nord de l’île. Ce portail était entièrement en béton armé, deux hommes armés, portant des chemises bleues et des casquettes grises, montaient la garde sur une passerelle métallique.
     Daryl s’arrêta devant, ouvrit la portière et descendit en restant collé à celle-ci.
     - Salut, les gars ! On peut passer s’il vous plait ?
     - Bonjour capitaine Blake. Aucun souci, dit un des deux hommes.
     Ce dernier fit glisser son badge de haut en bas sur la console et un bruit sourd ce fit entendre. La large et lourde porte métallique coulissa lentement, dévoilant une petite plaine ou se poursuivait une route en terre.
     - Merci ! Fit Daryl en montant dans son véhicule.
    Il roula au pas sous le portail puis accéléra dans la plaine.   
     Jimmy se tenait fermement à la poignée de la portière. Les occupants du véhicule étaient violement secoués à cause de la route boueuse et pleine de nids de poule. Leurs estomacs commençaient à se retourner.
     - On arrive bientôt ? Demanda le stagiaire, l’estomac au bord des lèvres.
     Son visage avait pris un teint très pâle. La nausée était là, elle serpentait à l’intérieur de son corps, zigzagant d’organes en organes, lui coupant sa respiration, son cœur s’emballait, ses muscles se contractaient…
     - Arrête-toi !!! Hurla-t-il comme un demeuré.
     Daryl pila, littéralement. Jimmy ouvrît la portière brusquement et se précipita à l’extérieur. Il s’engouffra dans la jungle où il disparu. Il courait pour trouver un coin où il pourrait vomir.
     Soudain, il trébucha sur une racine !
     Il roula plusieurs fois au sol avant de s’arrêter. Son dos était endolori à cause des nombreux coups. Après un effort surhumain, il réussit à se redresser.
     La nausée vînt à bout de lui en lui contractant avec force l’estomac ainsi que ses abdominaux. Le stagiaire déglutit le repas qu’il avait ingurgité une heure et demie plus tôt, rapidement, pour ne pas être en retard. Jimmy respira l’air frais. Cette chose invisible, pure et vitale, pénétra dans ses poumons et le soulagea. Il se sentait enfin mieux.
     Mais la douleur au dos revint telle une flèche empoisonnée. Elle s’étirait de plus en plus, comme un liquide se propageant dans son corps. Jimmy porta la main à son dos et se pencha un peu en arrière pour essayer de soulager –un peu- la douleur. Mais rien y faisait, elle le déchirait. Il serra les dents de plus en plus fort en fermant les yeux. Quand il les rouvrit, il remarqua qu’il était seul, au milieu de nombreuses plantes.
     Il était déboussolé et ne savait pas d’où il était arrivé.
     La panique commença à se mêler à son horrible douleur.
     Bon sang ! Pensa-t-il.

***

     Daryl se trouvait encore dans la Mercedes, assis face au volant, le regard tourné vers la jungle. Il attendait que Jimmy revienne. Mais le stagiaire ne pointait toujours pas le bout de son nez. Les minutes se faisaient de plus en plus longues. Il coupa le contact et le ronronnement grossier du moteur laissa la place aux bruitages de la jungle.
     Puis les branches se mirent à bouger de plus en plus fortes. L’inquiétude de Daryl disparaissait. Le voilà enfin ! se dit-il. Ce garçon m’aura fait tout voir.
     Les branches s’arrêtèrent de bouger.
     Daryl remarqua que tous les autres végétaux s’étaient mis à bouger eux aussi. Il comprit qu’il ne s’agissait pas de Jimmy mais du vent… Où était-il ? Que faisait-il ? Etait-ce une blague ?
     L’inquiétude refît surface, plus puissamment qu’avant. Le cœur de Daryl battait de plus en plus fort, sa respiration s’accélérait. Sans le remarquer, Daryl serrait nerveusement son volant. Il avait chaud et ses vêtements de Rangers absorbaient sa sueur.
     L’homme retira sa ceinture et sortit du véhicule. Il claqua la portière puis observa une nouvelle fois la jungle, attentif au moindre mouvement. Toujours rien hormis le vent qui se jouait de lui. Au moindre petit frétillement de feuille, la tension montait chez lui.
     Allez !
     Toujours rien.
     Il fit le tour du 4x4 et s’approcha de la jungle. Il scruta l’environnement en quête d’indices mais ne vit rien.
     - Jimmy !!! Cria-t-il à plein poumon.
    Sa voix se cognait contre chaque tronc d’arbre ce qui eut pour effet de créer un écho. Daryl n’avait toujours pas de réponses. Il était tenté de pénétrer cette jungle mais il se dit qu’il ne valait mieux pas le faire. S’il se perdait lui aussi, il empirerait la situation à coup sûr.
     Il se dirigea vers le véhicule et y récupéra à l’intérieur son téléphone portable. Il déverrouilla l’écran en faisant glisser son doigt dessus. Une photo de sa femme, ses enfants et lui apparut en fond d’écran. Daryl cliqua alors sur son répertoire et fit défiler la liste jusque les « H ». Il cliqua ensuite sur « Katashi HAMADA ». Il porta son portable à son oreille droite et plusieurs bips retentirent. Ils étaient interminables et Daryl espérait que son ami décrocherait.
     - Allo ? Fit la voix d’un homme au léger accent japonais.
     - Katashi ?! C’est Daryl. Je t’en supplie, dis-moi que tu peux m’aider !
     Le ton d’Hamada changea à ce moment là. Il comprenait que son ami avait un problème.
     - Qu’est ce qu’il se passe Daryl ?
     - Mon stagiaire s’est perdu dans la jungle. J’ai beau lui crier après, il ne répond pas. Et je n’ose pas m’aventurer là-dedans pour ne pas me perdre… Dit le Rangers, paniqué.
     - Où est-ce que tu te trouves en ce moment ?
     Daryl observa l’environnement tout au tour de lui.
     - Je me trouve sur la route entre le portail 5 et le Centre des employés.
     - Ne bouge pas Daryl, j’arrive avec mes hommes pour qu’on le retrouve.
     Daryl le remercia puis raccrocha.
     Il s’inquiétait énormément pour son stagiaire. Il le connaissait pas beaucoup mais l’appréciait beaucoup.
     On raconte tellement d’histoires et de rumeurs sur la population de cette jungle…

***

     Jimmy se demandait où il se trouvait. Cela faisait plusieurs minutes qu’il marchait dans un sens sans parvenir à retrouver cette maudite route. Il faisait chaud et l’air était très humide ce qui l’empêchait de respirer correctement. Il trainait des pieds et se les butait contre des branchages et des racines qui sortaient de la terre.
     Le jeune homme vit alors quelque chose dépasser des feuilles, devant lui. Il se précipita dessus. Il s’agenouilla pour observer cette chose de plus près. Jimmy retira quelques feuilles.
     Un panneau ! se dit celui-ci.
     Il souleva l’objet avec précaution malgré son poids. Le poteau principal du panneau était en bois et peint en blanc. La peinture s’était écaillée au fils du temps. Plus haut était accroché un octogone avec une flèche noire pointant vers le bas à droite, sur fond blanc. Un rectangle noir indiquait juste au dessus « East Dock », écrit en orange. Enfin, un bateau blanc sur un fond circulaire bleu avait été attaché à la silhouette d’une île en noir.
     - Qu’est-ce que c’est que ça ?
     Il fut alors interpelé par quelque chose à sa droite, un peu en hauteur. Malgré la végétation, il arrivait à distinguer une Jeep Wrangler, fortement rouillée, des résidus de peinture couleur grise avec des traits épais rouges résistaient encore au temps et à la forte humidité du lieu. Le toit était composé d’une toile beige, moisie, archée par endroits, de la mousse s’était installée dessus. Une barre avec des phares avait était attachée à l’extérieur, au-dessus du par brise. Le véhicule portait le numéro 12 ainsi que le logo de Jurassic Park rouillé.
     Un bruissement de feuilles derrière lui. Jimmy se retourna et découvrit l’inimaginable, l’inconcevable…

***

     Katashi Hamada approcha de son ami, le capitaine lui serra la main. Il venait d’arriver, accompagné d’autres agents de l’ACU, à bord d’un 6X6 Mercedes G63 AMG. Ils étaient chacun habillé d’une tenue grise tachetée de bleu et portaient une casquette du même type.
     L’ACU avait été créée par la division sécurité d’InGen avec l’aide des Nations Unies pour assurer la sécurité dans Jurassic World. D’ordinaire, l’ACU est envoyée lors d’une évasion d’un dinosaure ou d’événements plus graves mais il s’agissait ici d’une exception. Hamada, commandant de cette unité, voulait absolument aider son ami qui semblait en détresse.
     - T’es sûr qu’il ne porte pas son talkie-walkie sur lui ? Demanda Katashi avec son léger accent japonais.
     Daryl réfléchit un instant. Il se remémora la scène juste avant que Jimmy ne quitte le véhicule.
     - Certains. Il l’a laissé dans la voiture.
     Hamada appuya sur un bouton rouge de son Taser Rifle. Celui-ci émit un son aigue.
     - On va devoir y aller à l’ancienne alors, fit-il.
     Le capitaine observa le taser de son ami d’un air étonné. 
     - Pourquoi tu prends ça ?
     - Tu le sais bien…
     - Ce ne sont que des rumeurs ! Expliqua Daryl.
     Katashi Hamada touche de sa main gantée sa moustache.
     - Cooper, dit-il en se tournant vers un soldat, prends le CODA Net Gun. Quant à toi Lee, prends le Dan Inject modèle JM avec les fléchettes de carfentanil qui vont avec.
     Daryl sourit.
     - Pourquoi vous avez de meilleurs jouets que nous ?
     - Parce que nous sommes plus forts, c’est tout. Allez tout le monde, en route !
     Les 4 autres hommes arrivèrent, entièrement équipés. Le groupe pénétra dans la jungle et sa forte végétation. La terre était boueuse et il arrivait parfois qu’ils s’enfonçaient, ce qui retardait la progression.
     - Jimmy ! Jimmy ! Cria Daryl.
     Aucune réponse. Daryl s’inquiétait de plus en plus et Hamada le rassurait au fils des longues minutes de la recherche. Cela faisait une quinzaine de minutes qu’ils marchaient quand un soldat de l’ACU s’arrêta.
     - C’est normal ça ?
     Il s’était arrêté devant un petit trou fait dans la terre. De petites branches et feuilles se tassaient au fond. Mais le plus inquiétant était les coquilles jaunâtres dispersées dedans. Certaines étaient cassées et vides tandis que certaines ne l’étaient pas.
     Daryl et Katashi Hamada s’échangèrent un regard. Le commandant de l’ACU s’agenouilla près du nid.
     - Quelqu’un a une idée de quelle espèce il s’agît ? Herbivore ? Carnivore ?
     - Herbivore je pense. De toute façon un carnivore ne pourrait pas survivre ici sans manger, expliqua Daryl.
     Hamada était septique. Il manipulait un des œufs cassés en quête d’indices.
     - Depuis l’ouverture du parc, on a des problèmes avec l’élevage de chèvres pour le T-rex. Chaque semaine des animaux disparaissent. Quand cela se produit, les clôtures électrifiées sont sectionnées.
     Il détourna sa tête vers Daryl et poursuivit son récit.
     - Je peux te dire que quand un animal est capable de briser du barbelé et des fils électrifiés, au risque de se faire électrocuter, c’est qu’il a vraiment, vraiment, vraiment faim.       
     Daryl ne le croyait pas, il pensait même au début que c’était une blague mais il comprit finalement que son ami était sérieux.
     - Pourquoi vous n’en parlez jamais aux réunions ? Demanda le Rangers.
     Les hommes de l’ACU échangeaient des regards, ne sachant que dire.
     - Les Nations Unies nous font confiance. Si on commence à dire que le nord de l’île n’est pas sécurisé ils vont réclamer la fin du parc ! On pensait que les spécimens en liberté allaient mourir de faim au bout de quelques jours, du moins c’est ce que la direction nous disait, mais à chaque fois les intrus attaquaient d’autres enclos… Ils sont voraces. Horriblement voraces.
     - Et vous n’avez pas jugé utile de prévenir les employés ?
     - On l’a fait. Mais pas sous forme officielle... Tu crois qu’elle vient d’où cette rumeur des dinosaures en liberté ? C’est nous. Et pourquoi crois-tu qu’on a créé une grosse clôture électrifiée autour du parc ? InGen savait qu’il y avait des risques que certains animaux aient survécus au nettoyage de l’île.
     Hamada jeta les œufs vides et cassés dans le nid, sans aucune forme de respect. Il soupira et se redressa. Il vit Cooper qui le fixait. Ses bras étaient encombrés par le CODA Net Gun, un lance-filet souvent utilisé lors des opérations de capture.
     - Contactez le PC en liaison privée, ordonna Katashi Hamada à Cooper, et informez les de la présence d’un nid à notre position.
     Daryl Blake observait la scène. Il connaissait les rumeurs mais ne les croyait pas. La vérité tombait sur lui violemment, on lui avait caché et mentit pendant des années. Le pire était qu’il aurait pu peut-être se faire attaquer un jour en dehors du parc ! Un tsunami de questions lui inonda le cerveau brutalement, symbole de son caractère curieux.
     - Et combien de nids ton équipe à découvert ? Demanda Daryl au commandant de l’ACU.
     - On en a comptabilisé près de 22 depuis 2005 mais certains dataient depuis des années. Mais dans la plupart les embryons sont morts. C’est le cas ici, les œufs sont froids. Si on prend en…
     Hamada fut coupé par un hurlement strident ! Daryl reconnu la voix immédiatement. Son cœur s’emballa, tel un moteur poussé à pleine puissance.
     - Jimmy ! Hurla t-il en courant en direction du cri.
     Lee tenta de le retenir sans grand succès. Daryl courrait à pleine vitesse, jamais il n’avait couru ainsi dans sa vie, pourtant il en avait connu des courses-poursuites avec des petits voleurs dans le parc.
     Il sautait par-dessus les racines et les arbres couchés recouvert d’un épais tapis de mousse.
     Un nouveau cri résonna dans la jungle.

***

     Jimmy Maney, le stagiaire, gisait sur le sol. Ses doigts s’encraient dans la terre, pénétrant sous ses ongles, salissant, froid, humide. Ses bras étaient tendus derrière son dos sous son poids. Son visage était tendu dans un rictus créé par la peur, la bouche grande ouverte présentant ses dents légèrement jaunies. Ses yeux ne clignaient pas, ils fixaient une silhouette étrange qui se reflétait sur la cornée vitreuse de chaque œil. Des larmes chaudes coulaient, rivières de peur sur ses joues. Le froid le faisait trembler, la peur l’immobilisait. Etrange paradoxe de la nature.
     L’animal devant lui ne bougeait gère non plus, comme surpris par la présence de cet humain dans son territoire. Les griffes pointues de ses pieds se plantaient dans la terre, les pattes légèrement fléchies dévoilant ses puissants muscles sous sa peau reptilienne couleur verte foncée tachetée de marron. La peau s’enfonçait dans sa cage thoracique sous l’effet du manque de nourriture et de proies… La proie, justement, se trouvait devant elle. Le bipède, au regard de vautour, observait celle-ci du haut de ses 1 mètre 85. Sa double crête en forme de V arborait des couleurs allant du jaune, en passant par l’orange pour finir par un rouge sang.
     Jimmy se demandait pourquoi l’animal ne l’avait toujours pas attaqué et il était essoufflé par les nombreux cris qu’il avait poussés plutôt. Le stagiaire se trouvait pourtant à 2 mètres de l’animal squelettique.
     Le dinosaure ouvrit sa mâchoire. Ses dents fines et acérées menaçaient sa proie. Un son ressemblant à celui d’un serpent à sonnette fut émit de sa gueule et sa collerette se déploya au niveau du cou. L’animal semblait plus menaçant et plus effrayant aux yeux de Jimmy.
     Celui-ci poussa un cri de terreur et les larmes tombèrent de plus belle dans un flux continu. Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir, se répétait Jimmy. Mais quand ? Est-ce que ça va être douloureux ?
     Le bipède cracha un liquide noir, étirable, gluant et légèrement caoutchouteux. Jimmy en reçu directement dans la tête. Il en avait dans la bouche, dans le nez et un peu dans les yeux. Ce liquide avait un goût horrible, à l’image de sa puanteur ! Il empestait la charogne, la putréfaction, la mort. Jimmy eu un haut-le-cœur mais rien ne sorti de son estomac déjà vide.
     Etrangement, le dinosaure ne bougeait pas d’un poil. Il continuait de secouer sa collerette et de produire ce son terrifiant.
     C’est alors que Jimmy sentit des fourmis dans ses bras qui le soutenaient dans le dos. Il tremblait de plus en plus. Il ne sentait plus ses jambes, incapable de les bouger d’un millimètre ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Le jeune homme paniquait ce qui accéléra son rythme cardiaque et, inévitablement, la dispersion du poison anesthésiant dans son corps déjà bien endoloris. Sa tête lui tournait, des sortes d’étoiles dansaient dans son champ de vision, les fourmis dans son bras se propageaient et remontaient jusqu’aux épaules, les poumons, le cœur… Puis ses bras lâchèrent et il se sentit tomber en arrière sur le sol terreux et légèrement boueux.
     C’est alors que l’animal rangea sa collerette et arrêta d’émir ce son. Il s’approcha avec prudence, en douceur, du corps immobile de l’humain. Il s’approcha et renifla. Il approcha de la jambe gauche de Jimmy. Celui-ci était sans défenses, incapable de bouger le petit doigt. En revanche, ses yeux pouvaient encore bouger et il pouvait voir l’indéniable avancée du dinosaure à crête. Il vit derrière une sorte de trou entouré de branches. De petites choses blanches dépassaient un peu. Un nid ? se demanda Jimmy. Il sentit ensuite l’odeur pestilentielle de l’animal qui approchait.
     Arrivé à la jambe gauche, il se stoppa. Il fixa une nouvelle fois Jimmy, droit dans les yeux, comme s’il voulait lui dire quelque chose. Il posa ensuite les yeux sur le mollet gauche de se dernier. Il ouvrit doucement la mâchoire. C’est alors qu’il se pencha sur celui-ci à une vitesse incroyable. Jimmy sentit de l’eau couler sur sa jambe endormie… Mais il vit alors qu’il s’agissait de sang. De son sang ! L’animal affamé se redressa, un morceau de mollet dans sa gueule. Le bout de son museau était imbibé d’un sang pourpre.
     La jambe de Jimmy baignait dans le sang. Un geyser de liquide sombre jaillissait telle une fontaine. Le sang se répandait sur le sol, il ruisselait, solitaire, sur un champ de mousse. La blessure de Jimmy était horrible à voir. Des morceaux de chair en lambeau et des nerfs pendouillaient dans le vide. L’os du tibia était visible, d’un blanc innocent il fut envahit en l’espace de quelques secondes par une vague de sang. Son jean marron avait été arraché par la morsure et du sang l’imbibait.
     Le stagiaire poussa un hurlement étouffé car sa bouche refusait de s’ouvrir. Les larmes continuaient inlassablement de couler. La douleur était atroce. Même se fracturer le fémur semblait moins douloureux que cela. Il se sentit partir comme si son âme quittait son corps. Il vit alors la tête du dinosaure se pencher sur son ventre. Jimmy comprit ce qu’il voulait faire. Il va me bouffer le ventre ! En conclu-t-il.
     L’animal pencha sa tête et son buste très lentement comme s’il voulait prolonger la panique du jeune homme, le torturer mentalement et physiquement. Il ouvrit la bouche… Jimmy entendit plusieurs sifflements et le dinosaure s’écroula, 2 fléchettes plantées dans la nuque. Un filet, lancé à la vitesse de l’éclair, engloba celui-ci juste avant la chute.
     - Dilophosaure à terre ! Cria Hamada, un Dan Inject modèle JM couleur vert dans les mains.
     Daryl courut au chevet de son stagiaire. Il aperçut l’énorme plait sanguinolente.
     - Un garrot ! Vite !
     A peine Jimmy eut-il le temps d’entendre cela que ses paupières se fermèrent. Lentement…

***

     Il se réveilla. Ses yeux mirent du temps à s’accommoder. Jimmy se trouvait dans un lit d’hôpital dans une chambre aux murs blancs et bleus. Une perfusion était plantée via un cathéter sur le dos de sa main. Le liquide coulait doucement dans ses veines. Il arrivait avec un peu de difficulté à bouger ses doigts et sa tête.
     Une infirmière aux cheveux bruns/châtains se pencha au dessus de lui. Elle était magnifique, un peu comme un ange. Ses yeux marron le fixaient.
     - Bonjour Jimmy, je me présente, je m’appelle Solène Galland et je suis infirmière à Jurassic World. Comment tu te sens ? Fit-elle avec une voix aigue.
     Jimmy Maney avait la bouche très sèche et il avait du mal à parler.
     - Où je suis ? Articula t-il difficilement.
     - Nous sommes à l’hôpital de Jurassic World au Centre des employés mais ce n’est pas le plus important ; sur une échelle de 1 à 10, à combien juges-tu ta douleur ?
     - 9.
     Solène nota le résultat sur un ordinateur.
     - La morphine et la perfusion vont faire effet, si quelque chose ne va pas, n’hésitez pas à sonner. D’accord ?
     Jimmy acquiesça avant de voir que Daryl Blake et Katashi Hamada se tenaient à sa gauche. L’un tenait son chapeau de Rangers dans sa main, l’autre portait encore sa casquette ACU grise et bleue sur sa tête.
     L’infirmière adressa un sourire aux 2 hommes avant de quitter la chambre avec l’ordinateur posait sur un petit meuble en plastique à roulette.
     - Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demanda Jimmy.
     Daryl prit son inspiration pour parler mais fut coupé par Katashi.
     - Tu as étais victime de déshydratation et tu as fait un malaise. Tu es ensuite tombé d’une descente et une racine t’a gravement déchiré une partie du mollet. Tu as perdu beaucoup de sang. C’est pour ça que tu t’es évanoui.
     - Et le dinosaure ?
     - Quel dinosaure ? Intervint Daryl.
     - A cause de ta déshydratation tu as certainement fait des hallucinations, fit Hamada en riant. Non, non, il n’y avait aucun dinosaure.  
     - Ca paraissait tellement vrai ! Indiqua le stagiaire, encore légèrement endormi.
     - Je vois que tu es encore fatigué, dit Daryl, on va te laisser te reposer alors. N’hésite pas à sonner si tu as mal ou pour quoi que ce soit.
    Les deux hommes lui adressèrent un sourire avant de quitter la pièce en fermant la porte derrière eux.

***

     Daryl ferma la porte derrière lui. Solène, l’infirmière, les attendait.
     - Il a gobé ton baratin ? Demanda celle-ci.
     - Affirmatif, répondit Hamada.
     Elle s’approcha un peu plus près de lui.
     - Tu as intérêt à régler ce problème de dinosaures en liberté très vite. J’en ai marre de mentir à mes patients moi ! Et t’as vu son mollet ? Ca se voit que c’est une morsure !
     - Ne t’inquiète pas Solène, lui dit Daryl, il ne le remarquera pas.
     L’infirmière poussa le chariot pour partir.
     - J’espère pour vous deux...
     Quand elle disparut du couloir, Katashi se tourna vers le Rangers.
     - Il a eut de la chance.
     - Heureusement que l’hôpital dispose des antidotes anti-venin de Dilophosaure… Sinon il ne serait plus là je pense. Et c’est aussi grâce à toi. Sans toi Katashi, il serait mort c’est sûr. Expliqua Daryl.
     Hamada sourit et lui tapota l’épaule.
     - C’est normal. Par contre il ne doit surtout pas savoir ce qu’il s’est passé ! Sinon, je peux te dire qu’on aura les Nations Unies sur le dos et ça sera la fin du parc. Silence radio pour ça, c’est clair ? Tu n’en parles à personne ! Seul toi, les chirurgiens, Solène, moi et les gars le savent. Je te fais confiance là-dessus.
     - Pas de soucis mon ami.
     Hamada commença à partir. Il fut coupé dans son élan par Daryl.
     - C’était la première fois ?
    Le commandant de l’ACU réfléchit longuement.
    - Non… En 2005, deux employés ont eu la bonne idée de sa balader dans les vestiges de Jurassic Park. En particulier dans la remise du générateur.
    - Et ?
    - Ils ne sont jamais revenus vivants, on a du aller récupérer leurs corps en putréfaction là-bas. Ca faisait une semaine qu’ils y moisissaient. Ils ne restaient quasiment plus rien d’eux. L’endroit était déjà connu par l’ACU. Lors du passage du Docteur Wu en 1994 sur l’île, il y a eu aussi des morts au même endroit. C’est le territoire des Procératosaurus. Ils ont réussi à survivre jusqu’en 2005 en bouffant les rats et les souris et se bouffant entre-eux. Je pense que de nos jours ces saloperies sont toutes mortes pour de bon.
     - Et vous avez trouvez quoi comme excuse ?
     - On a fait croire qu’ils étaient ivres et qu’ils sont tombés d’une falaise. De toute façon vu l’état de leurs corps… Répondit Hamada.
     - Il y en a eu d’autre d’accident de ce type après ?
     - Hormis celui d’aujourd’hui, non. Comme je te l’ai dit, c’est rare. Ce pauvre gosse à eu la mal chance de tomber dans un nid de Dilophosaure c’est tout.
    - Je pensais qu’il n’y avait aucun Dilophosaure en liberté sur l’île. InGen à toujours dit ça. Fit Daryl
     - Celle-là à du passer entre les mailles du filet. Que veux-tu que je te dise ?
     Ce dernier consulta sa montre.
     - Je suis navré, reprit-il, mais j’ai du boulot, je dois y aller.
    Il serra avec plaisir la main de Daryl et parti. Le capitaine pensait encore à ce Dilophosaure. Finalement mort sur le cou en raison de la forte dose de carfentanil qu’on lui avait administré. Elle ne l’avait pas supporté. Daryl avait vérifié ; il s’agissait d’une femelle.
     Il s’en voulait un peu qu’elle soit morte. Si elle allait dévorer Jimmy, c’est parce qu’elle n’avait pas mangé depuis longtemps et qu’elle protégeait sa progéniture.

     Après tout, que ferait une maman face à un voleur qui se trouverait juste à côté du landau de son bébé ?

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