Chapitre VII
Recherche
Daryl Blake et son stagiaire Jimmy Maney
venaient de déposer leurs deux passagers au Sud du lagon artificiel, dans le
quartier des hôtels de l’île. Ils se trouvaient toujours dans le 4x4 Mercedes
Classe G argenté aux couleurs de Jurassic
World et partaient en direction du Centre
des employés situé dans la Restricted
Area.
Ils atteignirent la porte 5 de la grande
clôture électrifiée qui faisait office de frontière entre le parc et le nord de
l’île. Ce portail était entièrement en béton armé, deux hommes armés, portant
des chemises bleues et des casquettes grises, montaient la garde sur une
passerelle métallique.
Daryl s’arrêta devant, ouvrit la portière
et descendit en restant collé à celle-ci.
- Salut, les gars ! On peut passer
s’il vous plait ?
- Bonjour capitaine Blake. Aucun souci,
dit un des deux hommes.
Ce dernier fit glisser son badge de haut
en bas sur la console et un bruit sourd ce fit entendre. La large et lourde
porte métallique coulissa lentement, dévoilant une petite plaine ou se
poursuivait une route en terre.
- Merci ! Fit Daryl en montant dans
son véhicule.
Il
roula au pas sous le portail puis accéléra dans la plaine.
Jimmy se tenait fermement à la poignée de
la portière. Les occupants du véhicule étaient violement secoués à cause de la
route boueuse et pleine de nids de poule. Leurs estomacs commençaient à se
retourner.
- On arrive bientôt ? Demanda le
stagiaire, l’estomac au bord des lèvres.
Son
visage avait pris un teint très pâle. La nausée était là, elle serpentait à
l’intérieur de son corps, zigzagant d’organes en organes, lui coupant sa
respiration, son cœur s’emballait, ses muscles se contractaient…
- Arrête-toi !!! Hurla-t-il comme un
demeuré.
Daryl pila, littéralement. Jimmy ouvrît la
portière brusquement et se précipita à l’extérieur. Il s’engouffra dans la
jungle où il disparu. Il courait pour trouver un coin où il pourrait vomir.
Soudain, il trébucha sur une racine !
Il roula plusieurs fois au sol avant de
s’arrêter. Son dos était endolori à cause des nombreux coups. Après un effort
surhumain, il réussit à se redresser.
La nausée vînt à bout de lui en lui
contractant avec force l’estomac ainsi que ses abdominaux. Le stagiaire
déglutit le repas qu’il avait ingurgité une heure et demie plus tôt,
rapidement, pour ne pas être en retard. Jimmy respira l’air frais. Cette chose
invisible, pure et vitale, pénétra dans ses poumons et le soulagea. Il se
sentait enfin mieux.
Mais la douleur au dos revint telle une
flèche empoisonnée. Elle s’étirait de plus en plus, comme un liquide se
propageant dans son corps. Jimmy porta la main à son dos et se pencha un peu en
arrière pour essayer de soulager –un peu- la douleur. Mais rien y faisait, elle
le déchirait. Il serra les dents de plus en plus fort en fermant les yeux.
Quand il les rouvrit, il remarqua qu’il était seul, au milieu de nombreuses
plantes.
Il était déboussolé et ne savait pas d’où
il était arrivé.
La panique commença à se mêler à son
horrible douleur.
Bon
sang ! Pensa-t-il.
***
Daryl se trouvait encore dans la Mercedes,
assis face au volant, le regard tourné vers la jungle. Il attendait que Jimmy
revienne. Mais le stagiaire ne pointait toujours pas le bout de son nez. Les
minutes se faisaient de plus en plus longues. Il coupa le contact et le
ronronnement grossier du moteur laissa la place aux bruitages de la jungle.
Puis les branches se mirent à bouger de
plus en plus fortes. L’inquiétude de Daryl disparaissait. Le voilà enfin ! se dit-il. Ce garçon m’aura fait tout voir.
Les branches s’arrêtèrent de bouger.
Daryl remarqua que tous les autres
végétaux s’étaient mis à bouger eux aussi. Il comprit qu’il ne s’agissait pas
de Jimmy mais du vent… Où était-il ? Que faisait-il ? Etait-ce une
blague ?
L’inquiétude refît surface, plus
puissamment qu’avant. Le cœur de Daryl battait de plus en plus fort, sa
respiration s’accélérait. Sans le remarquer, Daryl serrait nerveusement son
volant. Il avait chaud et ses vêtements de Rangers absorbaient sa sueur.
L’homme retira sa ceinture et sortit du
véhicule. Il claqua la portière puis observa une nouvelle fois la jungle,
attentif au moindre mouvement. Toujours rien hormis le vent qui se jouait de
lui. Au moindre petit frétillement de feuille, la tension montait chez lui.
Allez !
Toujours rien.
Il fit le tour du 4x4 et s’approcha de la
jungle. Il scruta l’environnement en quête d’indices mais ne vit rien.
- Jimmy !!! Cria-t-il à plein poumon.
Sa voix se cognait contre chaque tronc
d’arbre ce qui eut pour effet de créer un écho. Daryl n’avait toujours pas de
réponses. Il était tenté de pénétrer cette jungle mais il se dit qu’il ne
valait mieux pas le faire. S’il se perdait lui aussi, il empirerait la
situation à coup sûr.
Il se dirigea vers le véhicule et y
récupéra à l’intérieur son téléphone portable. Il déverrouilla l’écran en
faisant glisser son doigt dessus. Une photo de sa femme, ses enfants et lui
apparut en fond d’écran. Daryl cliqua alors sur son répertoire et fit défiler
la liste jusque les « H ». Il cliqua ensuite sur « Katashi
HAMADA ». Il porta son portable à son oreille droite et plusieurs bips retentirent. Ils étaient
interminables et Daryl espérait que son ami décrocherait.
- Allo ? Fit la voix d’un homme au
léger accent japonais.
- Katashi ?! C’est Daryl. Je t’en
supplie, dis-moi que tu peux m’aider !
Le ton d’Hamada changea à ce moment là. Il
comprenait que son ami avait un problème.
- Qu’est ce qu’il se passe Daryl ?
- Mon stagiaire s’est perdu dans la
jungle. J’ai beau lui crier après, il ne répond pas. Et je n’ose pas
m’aventurer là-dedans pour ne pas me perdre… Dit le Rangers, paniqué.
- Où est-ce que tu te trouves en ce
moment ?
Daryl observa l’environnement tout au tour
de lui.
- Je me trouve sur la route entre le
portail 5 et le Centre des employés.
- Ne
bouge pas Daryl, j’arrive avec mes hommes pour qu’on le retrouve.
Daryl le remercia puis raccrocha.
Il s’inquiétait énormément pour son
stagiaire. Il le connaissait pas beaucoup mais l’appréciait beaucoup.
On raconte tellement d’histoires et de
rumeurs sur la population de cette jungle…
***
Jimmy se demandait où il se trouvait. Cela
faisait plusieurs minutes qu’il marchait dans un sens sans parvenir à retrouver
cette maudite route. Il faisait chaud et l’air était très humide ce qui
l’empêchait de respirer correctement. Il trainait des pieds et se les butait
contre des branchages et des racines qui sortaient de la terre.
Le jeune homme vit alors quelque chose
dépasser des feuilles, devant lui. Il se précipita dessus. Il s’agenouilla pour
observer cette chose de plus près. Jimmy retira quelques feuilles.
Un
panneau ! se dit celui-ci.
Il souleva l’objet avec précaution malgré
son poids. Le poteau principal du panneau était en bois et peint en blanc. La
peinture s’était écaillée au fils du temps. Plus haut était accroché un
octogone avec une flèche noire pointant vers le bas à droite, sur fond blanc.
Un rectangle noir indiquait juste au dessus « East Dock », écrit en
orange. Enfin, un bateau blanc sur un fond circulaire bleu avait été attaché à
la silhouette d’une île en noir.
- Qu’est-ce que c’est que ça ?
Il fut alors interpelé par quelque chose à
sa droite, un peu en hauteur. Malgré la végétation, il arrivait à distinguer
une Jeep Wrangler, fortement rouillée, des résidus de peinture couleur grise
avec des traits épais rouges résistaient encore au temps et à la forte humidité
du lieu. Le toit était composé d’une toile beige, moisie, archée par endroits,
de la mousse s’était installée dessus. Une barre avec des phares avait était
attachée à l’extérieur, au-dessus du par brise. Le véhicule portait le numéro
12 ainsi que le logo de Jurassic Park
rouillé.
Un bruissement de feuilles derrière lui.
Jimmy se retourna et découvrit l’inimaginable, l’inconcevable…
***
Katashi Hamada approcha de son ami, le capitaine
lui serra la main. Il venait d’arriver, accompagné d’autres agents de l’ACU, à bord d’un 6X6 Mercedes G63 AMG.
Ils étaient chacun habillé d’une tenue grise tachetée de bleu et portaient une
casquette du même type.
L’ACU
avait été créée par la division sécurité d’InGen
avec l’aide des Nations Unies pour
assurer la sécurité dans Jurassic World.
D’ordinaire, l’ACU est envoyée lors
d’une évasion d’un dinosaure ou d’événements plus graves mais il s’agissait ici
d’une exception. Hamada, commandant de cette unité, voulait absolument aider
son ami qui semblait en détresse.
- T’es sûr qu’il ne porte pas son
talkie-walkie sur lui ? Demanda Katashi avec son léger accent japonais.
Daryl réfléchit un instant. Il se remémora
la scène juste avant que Jimmy ne quitte le véhicule.
- Certains. Il l’a laissé dans la voiture.
Hamada appuya sur un bouton rouge de son Taser
Rifle. Celui-ci émit un son aigue.
- On va devoir y aller à l’ancienne alors,
fit-il.
Le capitaine observa le taser de son ami
d’un air étonné.
- Pourquoi tu prends ça ?
- Tu le sais bien…
- Ce ne sont que des rumeurs !
Expliqua Daryl.
Katashi Hamada touche de sa main gantée sa
moustache.
-
Cooper, dit-il en se tournant vers un soldat, prends le CODA Net Gun. Quant à
toi Lee, prends le Dan Inject modèle JM avec les fléchettes de carfentanil qui
vont avec.
Daryl sourit.
- Pourquoi vous avez de meilleurs jouets
que nous ?
- Parce que nous sommes plus forts, c’est
tout. Allez tout le monde, en route !
Les 4 autres hommes arrivèrent,
entièrement équipés. Le groupe pénétra dans la jungle et sa forte végétation.
La terre était boueuse et il arrivait parfois qu’ils s’enfonçaient, ce qui
retardait la progression.
- Jimmy ! Jimmy ! Cria Daryl.
Aucune réponse. Daryl s’inquiétait de plus
en plus et Hamada le rassurait au fils des longues minutes de la recherche.
Cela faisait une quinzaine de minutes qu’ils marchaient quand un soldat de l’ACU s’arrêta.
- C’est normal ça ?
Il s’était arrêté devant un petit trou
fait dans la terre. De petites branches et feuilles se tassaient au fond. Mais
le plus inquiétant était les coquilles jaunâtres dispersées dedans. Certaines
étaient cassées et vides tandis que certaines ne l’étaient pas.
Daryl et Katashi Hamada s’échangèrent un
regard. Le commandant de l’ACU
s’agenouilla près du nid.
- Quelqu’un a une idée de quelle espèce il
s’agît ? Herbivore ? Carnivore ?
- Herbivore je pense. De toute façon un
carnivore ne pourrait pas survivre ici sans manger, expliqua Daryl.
Hamada était septique. Il manipulait un
des œufs cassés en quête d’indices.
- Depuis l’ouverture du parc, on a des
problèmes avec l’élevage de chèvres pour le T-rex. Chaque semaine des animaux
disparaissent. Quand cela se produit, les clôtures électrifiées sont
sectionnées.
Il détourna sa tête vers Daryl et
poursuivit son récit.
- Je peux te dire que quand un animal est
capable de briser du barbelé et des fils électrifiés, au risque de se faire
électrocuter, c’est qu’il a vraiment, vraiment, vraiment faim.
Daryl ne le croyait pas, il pensait même
au début que c’était une blague mais il comprit finalement que son ami était
sérieux.
- Pourquoi vous n’en parlez jamais aux
réunions ? Demanda le Rangers.
Les hommes de l’ACU échangeaient des regards, ne sachant que dire.
- Les Nations
Unies nous font confiance. Si on commence à dire que le nord de l’île n’est
pas sécurisé ils vont réclamer la fin du parc ! On pensait que les
spécimens en liberté allaient mourir de faim au bout de quelques jours, du
moins c’est ce que la direction nous disait, mais à chaque fois les intrus
attaquaient d’autres enclos… Ils sont voraces. Horriblement voraces.
- Et vous n’avez pas jugé utile de
prévenir les employés ?
- On l’a fait. Mais pas sous forme
officielle... Tu crois qu’elle vient d’où cette rumeur des dinosaures en
liberté ? C’est nous. Et pourquoi crois-tu qu’on a créé une grosse clôture
électrifiée autour du parc ? InGen
savait qu’il y avait des risques que certains animaux aient survécus au
nettoyage de l’île.
Hamada jeta les œufs vides et cassés dans
le nid, sans aucune forme de respect. Il soupira et se redressa. Il vit Cooper
qui le fixait. Ses bras étaient encombrés par le CODA Net Gun, un lance-filet
souvent utilisé lors des opérations de capture.
- Contactez le PC en liaison privée,
ordonna Katashi Hamada à Cooper, et informez les de la présence d’un nid à
notre position.
Daryl Blake observait la scène. Il
connaissait les rumeurs mais ne les croyait pas. La vérité tombait sur lui
violemment, on lui avait caché et mentit pendant des années. Le pire était
qu’il aurait pu peut-être se faire attaquer un jour en dehors du parc ! Un
tsunami de questions lui inonda le cerveau brutalement, symbole de son
caractère curieux.
- Et combien de nids ton équipe à
découvert ? Demanda Daryl au commandant de l’ACU.
- On en a comptabilisé près de 22 depuis
2005 mais certains dataient depuis des années. Mais dans la plupart les embryons
sont morts. C’est le cas ici, les œufs sont froids. Si on prend en…
Hamada fut coupé par un hurlement
strident ! Daryl reconnu la voix immédiatement. Son cœur s’emballa, tel un
moteur poussé à pleine puissance.
- Jimmy ! Hurla t-il en courant en
direction du cri.
Lee tenta de le retenir sans grand succès.
Daryl courrait à pleine vitesse, jamais il n’avait couru ainsi dans sa vie,
pourtant il en avait connu des courses-poursuites avec des petits voleurs dans
le parc.
Il sautait par-dessus les racines et les
arbres couchés recouvert d’un épais tapis de mousse.
Un nouveau cri résonna dans la jungle.
***
Jimmy Maney, le stagiaire, gisait sur le
sol. Ses doigts s’encraient dans la terre, pénétrant sous ses ongles,
salissant, froid, humide. Ses bras étaient tendus derrière son dos sous son
poids. Son visage était tendu dans un rictus créé par la peur, la bouche grande
ouverte présentant ses dents légèrement jaunies. Ses yeux ne clignaient pas,
ils fixaient une silhouette étrange qui se reflétait sur la cornée vitreuse de
chaque œil. Des larmes chaudes coulaient, rivières de peur sur ses joues. Le
froid le faisait trembler, la peur l’immobilisait. Etrange paradoxe de la
nature.
L’animal devant lui ne bougeait gère non
plus, comme surpris par la présence de cet humain dans son territoire. Les
griffes pointues de ses pieds se plantaient dans la terre, les pattes
légèrement fléchies dévoilant ses puissants muscles sous sa peau reptilienne
couleur verte foncée tachetée de marron. La peau s’enfonçait dans sa cage
thoracique sous l’effet du manque de nourriture et de proies… La proie,
justement, se trouvait devant elle. Le bipède, au regard de vautour, observait
celle-ci du haut de ses 1 mètre 85. Sa double crête en forme de V arborait des
couleurs allant du jaune, en passant par l’orange pour finir par un rouge sang.
Jimmy se demandait pourquoi l’animal ne l’avait
toujours pas attaqué et il était essoufflé par les nombreux cris qu’il avait
poussés plutôt. Le stagiaire se trouvait pourtant à 2 mètres de l’animal
squelettique.
Le dinosaure ouvrit sa mâchoire. Ses dents
fines et acérées menaçaient sa proie. Un son ressemblant à celui d’un serpent à
sonnette fut émit de sa gueule et sa collerette se déploya au niveau du cou.
L’animal semblait plus menaçant et plus effrayant aux yeux de Jimmy.
Celui-ci poussa un cri de terreur et les
larmes tombèrent de plus belle dans un flux continu. Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir, se répétait Jimmy. Mais quand ? Est-ce que ça va être
douloureux ?
Le bipède cracha un liquide noir,
étirable, gluant et légèrement caoutchouteux. Jimmy en reçu directement dans la
tête. Il en avait dans la bouche, dans le nez et un peu dans les yeux. Ce
liquide avait un goût horrible, à l’image de sa puanteur ! Il empestait la
charogne, la putréfaction, la mort. Jimmy eu un haut-le-cœur mais rien ne sorti
de son estomac déjà vide.
Etrangement, le dinosaure ne bougeait pas d’un
poil. Il continuait de secouer sa collerette et de produire ce son terrifiant.
C’est alors que Jimmy sentit des fourmis
dans ses bras qui le soutenaient dans le dos. Il tremblait de plus en plus. Il
ne sentait plus ses jambes, incapable de les bouger d’un millimètre ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Le jeune
homme paniquait ce qui accéléra son rythme cardiaque et, inévitablement, la
dispersion du poison anesthésiant dans son corps déjà bien endoloris. Sa tête
lui tournait, des sortes d’étoiles dansaient dans son champ de vision, les
fourmis dans son bras se propageaient et remontaient jusqu’aux épaules, les
poumons, le cœur… Puis ses bras lâchèrent et il se sentit tomber en arrière sur
le sol terreux et légèrement boueux.
C’est alors que l’animal rangea sa
collerette et arrêta d’émir ce son. Il s’approcha avec prudence, en douceur, du
corps immobile de l’humain. Il s’approcha et renifla. Il approcha de la jambe
gauche de Jimmy. Celui-ci était sans défenses, incapable de bouger le petit
doigt. En revanche, ses yeux pouvaient encore bouger et il pouvait voir
l’indéniable avancée du dinosaure à crête. Il vit derrière une sorte de trou
entouré de branches. De petites choses blanches dépassaient un peu. Un nid ? se demanda Jimmy. Il
sentit ensuite l’odeur pestilentielle de l’animal qui approchait.
Arrivé à la jambe gauche, il se stoppa. Il
fixa une nouvelle fois Jimmy, droit dans les yeux, comme s’il voulait lui dire
quelque chose. Il posa ensuite les yeux sur le mollet gauche de se dernier. Il
ouvrit doucement la mâchoire. C’est alors qu’il se pencha sur celui-ci à une
vitesse incroyable. Jimmy sentit de l’eau couler sur sa jambe endormie… Mais il
vit alors qu’il s’agissait de sang. De son sang ! L’animal affamé se
redressa, un morceau de mollet dans sa gueule. Le bout de son museau était
imbibé d’un sang pourpre.
La jambe de Jimmy baignait dans le sang. Un
geyser de liquide sombre jaillissait telle une fontaine. Le sang se répandait
sur le sol, il ruisselait, solitaire, sur un champ de mousse. La blessure de
Jimmy était horrible à voir. Des morceaux de chair en lambeau et des nerfs
pendouillaient dans le vide. L’os du tibia était visible, d’un blanc innocent
il fut envahit en l’espace de quelques secondes par une vague de sang. Son jean
marron avait été arraché par la morsure et du sang l’imbibait.
Le stagiaire poussa un hurlement étouffé
car sa bouche refusait de s’ouvrir. Les larmes continuaient inlassablement de
couler. La douleur était atroce. Même se fracturer le fémur semblait moins
douloureux que cela. Il se sentit partir comme si son âme quittait son corps.
Il vit alors la tête du dinosaure se pencher sur son ventre. Jimmy comprit ce
qu’il voulait faire. Il va me bouffer le
ventre ! En conclu-t-il.
L’animal pencha sa tête et son buste très
lentement comme s’il voulait prolonger la panique du jeune homme, le torturer
mentalement et physiquement. Il ouvrit la bouche… Jimmy entendit plusieurs
sifflements et le dinosaure s’écroula, 2 fléchettes plantées dans la nuque. Un
filet, lancé à la vitesse de l’éclair, engloba celui-ci juste avant la chute.
- Dilophosaure à terre ! Cria Hamada,
un Dan Inject modèle JM couleur vert dans les mains.
Daryl courut au chevet de son stagiaire.
Il aperçut l’énorme plait sanguinolente.
- Un garrot ! Vite !
A peine Jimmy eut-il le temps d’entendre
cela que ses paupières se fermèrent. Lentement…
***
Il se réveilla. Ses yeux mirent du temps à
s’accommoder. Jimmy se trouvait dans un lit d’hôpital dans une chambre aux murs
blancs et bleus. Une perfusion était plantée via un cathéter sur le dos de sa
main. Le liquide coulait doucement dans ses veines. Il arrivait avec un peu de
difficulté à bouger ses doigts et sa tête.
Une infirmière aux cheveux bruns/châtains
se pencha au dessus de lui. Elle était magnifique, un peu comme un ange. Ses
yeux marron le fixaient.
- Bonjour Jimmy, je me présente, je
m’appelle Solène Galland et je suis infirmière à Jurassic World. Comment tu te sens ? Fit-elle avec une voix
aigue.
Jimmy Maney avait la bouche très sèche et
il avait du mal à parler.
- Où je suis ? Articula t-il
difficilement.
-
Nous sommes à l’hôpital de Jurassic World
au Centre des employés mais ce n’est
pas le plus important ; sur une échelle de 1 à 10, à combien juges-tu ta
douleur ?
- 9.
Solène nota le résultat sur un ordinateur.
- La morphine et la perfusion vont faire
effet, si quelque chose ne va pas, n’hésitez pas à sonner. D’accord ?
Jimmy acquiesça avant de voir que Daryl
Blake et Katashi Hamada se tenaient à sa gauche. L’un tenait son chapeau de
Rangers dans sa main, l’autre portait encore sa casquette ACU grise et bleue sur sa tête.
L’infirmière adressa un sourire aux 2
hommes avant de quitter la chambre avec l’ordinateur posait sur un petit meuble
en plastique à roulette.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Demanda Jimmy.
Daryl prit son inspiration pour parler
mais fut coupé par Katashi.
- Tu as étais victime de déshydratation et
tu as fait un malaise. Tu es ensuite tombé d’une descente et une racine t’a
gravement déchiré une partie du mollet. Tu as perdu beaucoup de sang. C’est
pour ça que tu t’es évanoui.
- Et le dinosaure ?
- Quel dinosaure ? Intervint Daryl.
- A cause de ta déshydratation tu as certainement
fait des hallucinations, fit Hamada en riant. Non, non, il n’y avait aucun
dinosaure.
- Ca paraissait tellement vrai !
Indiqua le stagiaire, encore légèrement endormi.
- Je vois que tu es encore fatigué, dit
Daryl, on va te laisser te reposer alors. N’hésite pas à sonner si tu as mal ou
pour quoi que ce soit.
Les deux hommes lui adressèrent un sourire
avant de quitter la pièce en fermant la porte derrière eux.
***
Daryl ferma la porte derrière lui. Solène,
l’infirmière, les attendait.
- Il a gobé ton baratin ? Demanda
celle-ci.
- Affirmatif, répondit Hamada.
Elle s’approcha un peu plus près de lui.
- Tu as intérêt à régler ce problème de
dinosaures en liberté très vite. J’en ai marre de mentir à mes patients moi !
Et t’as vu son mollet ? Ca se voit que c’est une morsure !
- Ne t’inquiète pas Solène, lui dit Daryl,
il ne le remarquera pas.
L’infirmière poussa le chariot pour partir.
- J’espère
pour vous deux...
Quand elle disparut du couloir, Katashi se
tourna vers le Rangers.
- Il a eut de la chance.
-
Heureusement que l’hôpital dispose des antidotes anti-venin de Dilophosaure…
Sinon il ne serait plus là je pense. Et c’est aussi grâce à toi. Sans toi
Katashi, il serait mort c’est sûr. Expliqua Daryl.
Hamada sourit et lui tapota l’épaule.
- C’est normal. Par contre il ne doit surtout
pas savoir ce qu’il s’est passé ! Sinon, je peux te dire qu’on aura les Nations Unies sur le dos et ça sera la
fin du parc. Silence radio pour ça, c’est clair ? Tu n’en parles à
personne ! Seul toi, les chirurgiens, Solène, moi et les gars le savent.
Je te fais confiance là-dessus.
- Pas de soucis mon ami.
Hamada commença à partir. Il fut coupé
dans son élan par Daryl.
- C’était la première fois ?
Le commandant de l’ACU réfléchit longuement.
- Non… En 2005, deux employés ont eu la
bonne idée de sa balader dans les vestiges de Jurassic Park. En particulier dans la remise du générateur.
- Et ?
- Ils ne sont jamais revenus vivants, on a
du aller récupérer leurs corps en putréfaction là-bas. Ca faisait une semaine
qu’ils y moisissaient. Ils ne restaient quasiment plus rien d’eux. L’endroit
était déjà connu par l’ACU. Lors du
passage du Docteur Wu en 1994 sur l’île, il y a eu aussi des morts au même
endroit. C’est le territoire des Procératosaurus. Ils ont réussi à survivre
jusqu’en 2005 en bouffant les rats et les souris et se bouffant entre-eux. Je
pense que de nos jours ces saloperies sont toutes mortes pour de bon.
- Et vous avez trouvez quoi comme
excuse ?
- On a fait croire qu’ils étaient ivres et
qu’ils sont tombés d’une falaise. De toute façon vu l’état de leurs corps…
Répondit Hamada.
- Il y en a eu d’autre d’accident de ce
type après ?
- Hormis celui d’aujourd’hui, non. Comme
je te l’ai dit, c’est rare. Ce pauvre gosse à eu la mal chance de tomber dans
un nid de Dilophosaure c’est tout.
- Je pensais qu’il n’y avait aucun Dilophosaure
en liberté sur l’île. InGen à
toujours dit ça. Fit Daryl
- Celle-là à du passer entre les mailles
du filet. Que veux-tu que je te dise ?
Ce dernier consulta sa montre.
- Je suis navré, reprit-il, mais j’ai du boulot,
je dois y aller.
Il serra avec plaisir la main de Daryl et
parti. Le capitaine pensait encore à ce Dilophosaure. Finalement mort sur le
cou en raison de la forte dose de carfentanil qu’on lui avait administré. Elle
ne l’avait pas supporté. Daryl avait vérifié ; il s’agissait d’une
femelle.
Il s’en voulait un peu qu’elle soit morte.
Si elle allait dévorer Jimmy, c’est parce qu’elle n’avait pas mangé depuis
longtemps et qu’elle protégeait sa progéniture.
Après
tout, que ferait une maman face à un voleur qui se trouverait juste à côté du
landau de son bébé ?
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