mercredi 27 avril 2016

Chapitre 4: Gène Ethique

Chapitre  IV
Gène Ethique



     John poussa les portes boisées et enluminées de squelettes de dinosaures. Accompagné du reste de sa famille, il entra dans le petit hall du Samsung Innovation Center. Les portes automatiques vitrées coulissèrent instantanément.
     Un hologramme de Spinosaure les accueillît. Il était tout bleu et on pouvait voir à travers. L’animal se dressait sur ses puissantes pattes arrière. Sa tête qui ressemblait à s’y m’éprendre à un crocodile, observait les alentours de ses yeux perçants. Sa cage thoracique se gonflait puis se dégonflait, faisant redresser l’animal à chaque inspiration. Puis, il bascula la tête vers le bas. Lorsqu’il la remonta, un hologramme de poisson était apparu dans sa gueule. Le Spinosaure le secoua violemment quelques secondes et l’avala en soulevant la tête vers le ciel.
     Celui-ci se trouvait au centre de la pièce. John pouvait voir sur la droite un escalier en colimaçon non sans rappeler un brin d’ADN. L’escalier tournait autour d’un pilier couleur ambre qui s’élevé jusqu’au plafond penché du bâtiment. Le somment du bâtiment se trouvait donc a une dizaine de mètres de haut. Ce toit en forme de cône était rayé de la base au sommet par des vitres dont certaines étaient ouvertes évacuant la chaleur produite par les nombreux engins informatiques et par les visiteurs eux-même. Le Samsung Innovation Center était composé de deux séries d’étages, qui formaient des boucles dans le toit conique.
     En plus des différents panneaux informatifs et de la console des commandes de l’hologramme au centre de la pièce, John scrutait la statue en bronze du fondateur de Jurassic Park avec sa canne connue par tous les visiteurs. Cette fameuse canne avait un morceau d’ambre sphérique en guise de poignée. Une plaque commémorative était accrochée sur le piédestal de la statue :

« En la mémoire de John Parker Hammond (1928-1997), fondateur de International Genetic Technologies (InGen), créateur de Jurassic Park. Sans lui, Jurassic World ne serait resté qu’un rêve, de l’encre sur du papier.
 Simon Masrani                                
Août 2005 »

     Marc et Lizzy étaient partis à gauche de John, vers un tas de sable où sortaient des fossiles de ce qui semblait être un Tricératops. Ils observaient les enfants en train de balayer à coup de pinceau le sable se trouvant sur les fossiles. Ils leurs rappelaient John et Clarissa quand ils étaient enfants.
     Quand ils étaient à la plage, ils creusaient tous les deux dans le sable, puis ils criaient en courant vers leurs parents. Regardez, on a trouvé un os de T-rex ! disaient-ils en cœur tenants une vulgaire branche entre les mains. C’était le bond vieux temps, se dît Lizzy, maintenant ils ne font que se chamailler pour un rien.
     John était passionné par les dinosaures depuis début 2005, il avait 6 ans. Jurassic World avait commencé à diffuser ses publicités en raison de l’ouverture imminente du parc. On y voyait des Apatosaures, des Tricératops, des Stégosaures… Tous se baladaient dans une clairière, paisibles. Une sorte de boule en verre, semblable à celle d’un hamster, circulait entre ces mastodontes et ont pouvait y voir la réaction des deux passagers, impressionnés.
     La passion de John avait envahit un temps Clarissa. De toute façon Jurassic World était dans les têtes de tout le monde à l’époque, tout comme l’accident de San Diego en 1997. Hammond avait fait un discours cette fois là. Il expliquait que les dinosaures devaient vivre sans les Hommes, sans « interférences ».
     Isla Sorna -le Site B-  étant désormais connu, des braconniers commencèrent à se servir sur l’île. La plupart ne revenait pas indemne, voir pas du tout. Lors de ses derniers jours, John Hammond avait apprit ces nouvelles et proposa à Simon Masrani, lors du rachat de InGen par Masrani Global, d’endiguer le braconnage et le tourisme illégal en construisant un parc dans les vestiges du premier, sur Isla Nublar. Même si les animaux seraient alors en contacte avec l’Homme, au moins il les savait en sécurité. Quelques jours plus tard, il rendit l’âme, son nouveau rêve était alors déjà en projet.
     Clarissa avait les mains sur les hanches. Ses cheveux blonds étaient encore humides et tombaient sur ses épaules. Elle observait l’hologramme du Spinosaure.
     - Je le trouve mignon ce dinosaure, sa crête est vraiment magnifique !
     - Tu diras ça quand il sera en train de te bouffer, plaisanta John.
     - Je vois que mon frère se lance dans l’humour. Dît-elle, vexée.
     - Je vois que ma sœur s’interesse enfin à autre chose qu’à son nombril, lui renvoya son frère.
     C’était la parole de trop pour Clarissa. Elle sera les points, commença à marcher d’un pas déterminé vers John. Arrivée à un mètre de lui, ses baskets blanches produisirent un couinement inhabituel qui raisonna dans la grande pièce. Puis elle glissa lamentablement en arrière. Tous les regards étaient tournés vers elle. Des adolescents japonais étaient pliés de rire au lieu de lui porter secours. C’est ça rigolez, heureusement que vous n’êtes pas en face de moi bande de morveux, pensa-t-elle.
     Soudain une main se tendit, elle la saisie et se releva. Elle posa les yeux sur la personne qui l’avait aidé : John. Etonnamment il ne rigolait pas et semblait sérieux.
     - Tu vas bien ? Demande celui-ci.
     - Oui… Oui, je vais bien, mentit Clarissa.
     Elle avait affreusement mal au coccyx mais essayait temps bien que mal de le dissimuler.     
     - Viens avec moi, tu n’as qu’à t’assoir un peu, fit-il.
Elle le suivit jusqu’à un banc situé près de l’entrée, juste derrière leur position précédente.
     - Ne fais pas attention à eux, ils sont complètements débiles, s’énerva John en fixant longuement les touristes japonais qui baissèrent les yeux.
     A cet instant Clarissa comprît quelle avait le frère parfait finalement. Il aimait la taquiner mais prenait soin d’elle. Elle comprît ensuite que ce n’était pas réciproque, que si c’était lui qui avait glissé, elle ne l’aurait peut-être pas aidé. « Tendre la main » cela peu paraître un geste anodin pour certains mais pour Clarissa non. Son frère l’avait aidé et elle en était heureuse.
     - Merci, lui dit-elle timidement, ses yeux bleus fixant ceux de John.
     - C’est normal, on est frère et sœur, on est fait pour s’entraider, non ?
     Clarissa fit « oui » de la tête tout en frottant énergiquement son coccyx pour évacuer la douleur.
     - Ca va mieux ? On a qu’à aller voir papa et maman pour savoir ce qu’on fait. D’accord ?
     Ils se levèrent et rejoignirent Marc et Lizzy qui se trouvait face à un des télévisions qui expliquaient comment avait eu lieu l’extinction des dinosaures.   
     Marc les vît arriver près d’eux.
     - Ah vous voila ! Déclara-t-il.
     - Oui nous avons eut un petit… Accident, indiqua John sous le regard approbateur de Clarissa.
     - Bien alors dans ce cas nous pouvons aller au laboratoire.
     Les Smith partirent vers le fond de la pièce, juste derrière la statue de John Hammond. Au dessus de l’entrée du laboratoire était écrit : Hammond Creation Lab.
     L’attraction en question s’étirait sur un long couloir aux murs vitrés donnants sur différents labos. Le sol était bétonné mais de couleur noire. Des néons éclairaient ce large couloir où les visiteurs s’amassaient aux vitres.
     Marc se mît en tête du groupe comme à son habitude, suivit par John, Clarissa et Lizzy. Marc était dans son élément, lui aussi était scientifique mais dans un laboratoire médicale. Autant dire qu’il connait bien ce qu’est l’ADN.
     John n’avait pas un esprit scientifique comme son père, il était plutôt littéraire à vrai dire. Préférant les livres paléontologiques aux microscopes hight-tech. Combien de livres sur les dinosaures ou de science-fiction possédait-il ? Il ne le savait même pas.
      Les Smith s’approchèrent de la première vitrine située à gauche. En haut avait été accroché un panneau rectangulaire aux côtés arrondis indiquait : EXTRACTION.
      Tout le laboratoire était blanc, des tables aux chaises hautes, du sol au plafond. Au fond du pôle étaient installées des sortes de cuves métalliques. Puis sur la gauche était accroché plusieurs télévisions à l’horizontale ou à la verticale qui diffusait des brins d’ADN. Les tables étaient équipées de différents postes de perçages. Un scientifique en blouse blanche et équipés de lunettes de protection perçait un morceau d’ambre à l’aide d’une perceuse spécifique.
     Le morceau d’ambre mesurait au moins 15 centimètres de haut pour 12 centimètres de large. Sa couleur orange transparente était magnifique, surprenante. John n’avait jamais vu une chose pareille. Bien sûr il en avait déjà vu à la télé dans les différents reportages ou publicités, mais il ne pensait pas que cette résine fossilisée était aussi grosse. On pouvait également apercevoir que l’ambre contenait un moustique pas plus gros que le petit doigt.
     John et Clarissa était devant la vitre, Lizzy et Marc se tenaient juste derrière eux.
     - Qu’est-ce qu’il fait ? Demanda l’adolescente, fascinée par le fossile orangé.
     John pointa du doigt une télévision située au dessus de leurs têtes.
     - Regarde, ils t’expliqueront mieux que moi, répondit son frère.
     Clarissa releva la tête. Un personnage en forme de brin d’ADN prenait vie à l’écran.
     - Bonjour chers visiteurs et bienvenue au Hammond Creation Lab ! Fit le petit brin d’ADN. Je me présente, je m’appelle Monsieur ADN et serais votre guide tout au long de ce formidable voyage au cœur d’un incroyable laboratoire. Le seul et l’unique laboratoire du monde qui redonne vie aux dinosaures. Justement, comment nos scientifiques ressuscitent ces animaux extraordinaire ? Tout d’abord, vous voici au pôle EXTRACTION, notre voyage commence maintenant ! Jurassic World dispose de nombreux paléontologues qui recherchent dans le monde entier l’ambre. Ce que nous appelons « ambre » est une résine fossilisée qui contient un moustique, qui contient le sang, donc l’ADN, d’animaux préhistoriques. Un peu comme les poupées russes ! Le rôle de ce pôle est de percer l’ambre jusqu’au moustique.
     Le scientifique alluma sa perceuse à ce moment précis et fit pénétrer la petite tige métallique dans l’ambre jusqu’au moustique, comme indiqué précédemment par Monsieur ADN
     - Ensuite, reprît-il, nous utilisons une seringue pour recueillir le sang du dinosaure. Jusque là rien de très compliqué ! C’est maintenant que les choses bon se gâter, suivez-moi.
« Passage au pôle sur votre droite » apparut
     Les Smith suivirent le mouvement vers la droite pendant que le scientifique en blouse blanche injectait le sang dans des tubes en verre.
     Une longue table blanche était étendue sur toute la largeur du pôle SEQUENCAGE. 3 scientifiques étaient en train de travailler tandis que 4 imposantes machines étaient alignées, au fond, derrière eux.
     Monsieur ADN apparu alors sur le fond bleu jusqu’alors vide.
     - Nous arrivons ensuite au pôle SEQUENCAGE. Un maillon crucial de cette aventure. Le sang est décrypté dans nos puissants séquenceurs situés au fond de la pièce. Nous pouvons alors découvrir de quelle espèce il s’agit grâce à la reconstitution de son génome. Des millions de fragments de code génétique sont ordonnés pour obtenir des chromosomes de dinosaure.
     Un des scientifiques se leva de sa chaise haute et se dirigea vers les séquenceurs. Il y déposa le sang et appuya sur différents boutons. L’opération effectuée, il reprît sa place d’origine.
     Les visiteurs passèrent au pôle suivant, l’ASSEMBLAGE. Monsieur ADN reprît son monologue.
     - Le sang du dinosaure étant vieux de plusieurs millions d’années, son code génétique est donc incomplet. Nos généticiens ont eu l’idée d’y inclure de l’ADN de différents animaux présents actuellement sur terre comme la grenouille, l’iguane, etc. Le sang est donc complet et nous pouvons donc donner vie à notre dinosaure.
     Le pôle se trouvait au bout du petit couloir. Les Smith se trouvaient encore devant le groupe de visiteurs maintenant composé d’une vingtaine de personnes. Ils étaient de nationalités, d’âges et de tailles différentes. Ils prenaient en photo les scientifiques en pleine action. Pour une fois que ce ne sont pas les dinosaures qui sont enfermés et prient en photo.
     La pièce était de la même que les autres et de forme carrée. Une grande étagère où des blocs d’ambres étaient exposés en fond. Des tables étaient également dispersés ici et là.
     Un scientifique s’approcha de la vitre au grand étonnement des visiteurs.
     - Bonjour à tous ! Quelqu’un a-t-il des questions ? Commença-t-il.
     Tous les visiteurs se regardèrent, comme s’ils attendaient que quelqu’un réponde. John observa les autres puis sauta sur l’occasion de pouvoir discuter avec un scientifique de Jurassic World.  
     - On a découvert récemment que les dinosaures, du moins certains, portaient des plumes. Pourquoi continuer à créer des dinosaures à écailles alors ? Demanda John, presque fier de sa question.
     Le scientifique aux cheveux bouclés blonds et aux yeux bleus réfléchît un instant, puis reprît la parole derrière la vitre.
     - Donc… Nous y travaillons actuellement depuis quelque temps déjà. Mais la tache est plus compliquée que prévue malheureusement. Nous avons fait quelques tests sur plusieurs spécimen avec de l’ADN de poule. Mais à chaque fois nos embryons ne tenaient pas le coût pour une raison que nous ne connaissons pas encore.  Ensuite nous ne voulons pas brusquer nos visiteurs en remplaçant nos dinosaures actuels par une version plus moderne, cela aurait pour effet de diminuer notre chiffre d’affaire. Mais dès que nous aurons trouvé la solution à ce problème, nous procéderons à un remplacement progressif de nos spécimens pour ne pas bouleverser l’image du dinosaure qu’ont les visiteurs. Voila, articula-t-il tout en souriant. Une autre question ?
     John vît qu’un groupe de scientifiques étaient penchés vers une feuille, littéralement étonnés.
     - Que se passe-t-il ? Questionna le jeune homme.
     Le scientifique hésita en se caressant nerveusement la mâchoire et en regardant dans le vide.
     - Normalement je n’ai pas le droit de le dire mais je vais vous le dire quand même. Nous avions un doute sur un échantillon d’ADN prélevé dans un moustique. Nous venons de recevoir le bilan et il est… Comment dire ? Perturbant. L’ADN ne correspond à aucun autre dans notre banque de données.
     - C’est-à-dire ? Demanda Marc, intrigué.
     - C’est-à-dire qu’il s’agit d’une nouvelle espèce…
     Les visiteurs se penchèrent alors de plus prêt vers la vitre et mitraillèrent le pôle avec leurs appareils photo.
     John n’en revenait pas. Il assistait à la découverte d’une nouvelle espèce, juste devant ses yeux.
     Les scientifiques étaient aussi surpris. Soudain, un homme, de type asiatique, cheveux noirs coupés cours, entra. L devait s’agir du chef du labo. John l’avait déjà vu quelque part.
     Marc approcha sa bouche de l’oreille de John et lui chuchota :
     - Prend une photo, c’est Henry Wu !
     John l’avait déjà en main et prît la photo.
     - Merci, chuchota son père en lui adressant un clin d’œil.
     Henry Wu adressa quant-à-lui un sourire au scientifique qui s’occupait des visiteurs.
     - Une dernière question ? Car je vais devoir reprendre les recherches.
     Un québécois prît alors la parole.
     - Vous pensez qu’il s’approche de quelles espèces ?
     - D’après ce que nous avons vu, il se situerait entre le Tyrannosaure et l’Allosaure. C’est tout ce que je peux vous dire.
     Il salua les visiteurs puis retourna auprès de ses collègues. Les visiteurs se retournèrent pour accéder à l’ECLOSERIE où Monsieur ADN avait déjà débuté ses explications.
     - … sont enfin incubés. Et c’est ici que seront stockés les œufs dans des couveuses jusqu’à ce que l’embryon soit suffisamment développé pour être transféré à la NURSERIE.
     Des couveuses. Des couveuses à perte de vue. John ne voyait que cela. Il prît en photo une des très nombreuses machines. Combien y a-t-il d’œufs ? Au moins une centaine, une dizaine par couveuse, de quoi alimenter le parc en dinosaures pendant de longues années.
     - Veuillez passer sur votre droite pour finir notre aventure ! Reprît le personnage animé.
Ils arrivèrent au dernier pôle.
     - Nous voici à la NURSERIE ! Là où tous les bébés dinosaures naissent. Les dinosaures ne sont pas aidés par nos scientifiques lorsqu’ils cassent leurs coquilles. Cela permet de voir les spécimens les plus forts et les plus faibles. La vi trouve toujours son chemin ! Vous vous demandez peut-être combien y a-t-il eu de naissances depuis ce matin ? Et bien nous en sommes à deux, un Brachiosaurus et un Dilophosaurus !
     La nurserie ressemblait à s’y méprendre à l’écloserie. Des couveuses étaient installées partout avec de nombreux œufs. Des scientifiques se baladaient entre-elles, et gribouillaient des informations sur un bloc notes.
     - C’est ici que se termine notre épuisant voyage dans la génétique. Maintenant que vous savez comment sont créés nos dinosaures, il est temps pour vous de partir à leur découverte dans le parc si ce n’est déjà fait. N’hésitez pas à consulter nos brillants scientifiques si vous voulez de plus amples informations ! Ne soyez pas timides, ils ne mangent pas ! C’était Monsieur ADN, à votre service.
     Le brin d’ADN tourna alors sur lui-même et disparut dans le fond bleu clair de l’écran.

     John avait apprécié cette visite même si la génétique ne l’intéressait pas énormément. Mais il avait très bien comprît que cette attraction n’était qu’une sorte d’usine au service du profit. Créer la vie pour de l’argent… 

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