mercredi 6 avril 2016

Chapitre 1: Arrivée

Chapitre 1
Arrivée


Décembre 2015

     Le ferry, un Navatek II, voguait au milieu de l’océan Pacifique. La mer était agréablement calme, les rares vagues se cognaient contre la coque blanche du navire, faisant soulever de petites trombes d’eau. Les passagers situés à l’avant observaient les alentours, se rafraichissant grâce au léger vent marin. Les autres passagers se trouvaient à l’intérieur et patientaient tant qu’ils pouvaient. Ils étaient réchauffés par le soleil qui traversait les épaisses vitres.
     John Smith, maintenant âgé de 16 ans, observait l’écran informatif. Il indiquait 9h45, nous étions le 16 Décembre 2015 et il faisait 25°. Cela faisait quelques minutes qu’il observait ce panneau, en espérant que le temps passerait plus vite, ce qui produisait évidemment l’effet inverse. Il observa alors sa grande sœur qui était assise à côté de lui, scotchée à son Iphone. Se sentant observée, Clarissa tourna la tête et remarqua que John ne la lâchait pas des yeux.
     - Tu veux ma photo ? dit-elle d’un air menaçant.
     Elle le fusillait du regard de ses grands yeux bleus. Comme il ne voulait pas déclencher une guerre interminable et pourrir leurs vacances, il décida de ne pas répondre et de détourner la tête vers ses parents. Ils étaient tous les deux en train de discuter sur la banquette située à sa gauche.
     - Tu crois que ça va leur plaire Lizzy ? Demanda Marc, inquiet.
     - Mais oui. Arrête de te tracasser pour rien ! John adore les dinosaures et ça faisait longtemps qu’il voulait venir…
     - Et Clarissa ? Elle est collée à son portable depuis des heures !
     - Clarissa est une adolescente qui, comme toutes les adolescentes de son âge, sont collées à leur portable. Mais toutes les adolescentes aiment le soleil, la plage et les magasins… Ne t’en fait pas Marc, elle va adorer ce week-end. Lui rassura-t-elle. 
     Marc frotta son crâne désormais chauve avec ses mains avant de lui faire un sourire approbateur et l’embrasser.
     La voix du capitaine retentit dans les haut-parleurs, ce qui eut pour effet de décoller les yeux de John de ses parents.
     - Mesdames et messieurs, nous arrivons à bout de nôtre traversée, disait-il. Nous accosterons dans environ dix minutes à Isla Nublar. Je vous prie donc de vous préparer et de ne pas oublier vos effets personnels en partant. Tout l’équipage du Isla Nublar vous souhaite un agréable séjour. Merci. 
     Après ce court message, la joie et l’excitation se firent sentir dans la navette. Les enfants ne tenaient plus en place. John les observait avec attention. Il était comme eux quand il était plus jeune, à être toujours en train de bouger au plus grand malheur de ses parents. Aujourd’hui il n’était plus comme ça. Maintenant, il pouvait s’enfermer des heures dans sa chambre à lire, jouer aux jeux vidéos, manger alors que ses parents lui interdisaient… Il recevait rarement, voir jamais, des amis. Soit par honte de ses parents qui ne passaient leur temps qu’à le gronder, soit parce que sa chambre n’était pas en état de recevoir. Tout l’inverse de sa sœur. Elle recevait des amies tous les week-ends, parfois elles dormaient même chez eux. Des disputes pouvaient éclater entre John et Clarissa après qu’elles soient parties. Durant ces disputes, Clarissa traitait souvent son frère « d’associable », de « sans-amis ». Mais John n’était ni l’un ni l’autre et il le savait. A vrai dire, il avait de très nombreux amis…
     John fut chassé de ses pensées par son père.
     - Prépare-toi, on arrive. Dit-il avec un large sourire.
     John répondit par un simple « oui » et posa son sac à dos, qui se trouvait à ses pieds, sur ses genoux. Derrière lui et la vitre salie par le sel, se dessinait petit-à-petit Isla Nublar. Il prît alors son appareil photo qui se trouvait dans la pochette avant et immortalisa le moment. Un splendide cliché. Un photographe professionnel n’aurait pas fait mieux. Il y avait tout sur cette image : La mer, les oiseaux volants contre le vent, Isla Nublar, le soleil orangé du matin. Seul les quelques traces de sel sur la vitre pouvaient gâcher la photo, mais pas ici. Quasiment la même que sur la brochure du parc ! John était littéralement absorbé par celle-ci, impressionné. Le paradis sur terre, tout simplement. La teinte orangée du soleil donnait un côté chaleureux et accueillant à l’île. Elle était surnommée « l’île des brumes », était-ce un mensonge ? Pourtant, rien ici n’expliquait le choix de ce nom…  
     Le ferry avançait inexorablement vers l’île, dévoilant ses falaises et ses plages désertes. Une digue rocheuse fit alors apparition. John, toujours collé à la vitre, annonça à ses parents qu’ils étaient arrivés. Il sentit soudain le sol vibrer sous ses pieds, créant la panique et la peur chez les plus jeunes enfants. Le capitaine doit certainement faire machine arrière pour ralentir le navire, pensa John. Le bout de la digue apparût et le ferry vira doucement de bord, aidé par des jets d’eau situés sous la ligne de flottaison, à la poupe, côté tribord. Ce qui lui permit de tourner avec plus d’aisance.
     Le quai bétonné suivait la digue en son long et tournait en angle droit vers la gauche pour rejoindre la terre ferme. Des employés du parc chargés de l’amarrage, étaient équipés de casques blancs, d’un bleu de travail et d’un talkie-walkie. Certains l’utilisaient pour communiquer des indications à l’équipage du navire. D’autres employés se trouvant dessus leur jetèrent les cordes d’amarrages. Le ferry aussitôt attaché, les passagers purent descendre grâce à une petite passerelle.
     Le moteur tournait encore. John porta son sac à son dos et tira sa valise. Marc se trouvait en tête, suivit de Lizzy, John et enfin Clarissa, écouteurs aux oreilles. Le ferry se vidait très doucement. Arrivé sur le quai, John inspira profondément. L’air y était frais et la température agréable.
     Marc, en meneur, portait une chemise hawaiienne à fleurs avec un short beige. Ses tongs claquaient lorsqu’il marchait sur le sol chaud du quai. Sa femme portait une robe bleue avec des ballerines noires. Elle portait également des lunettes de soleil Guess de couleur noire. Quant à Clarissa, elle était habillée avec une chemise rose saumon, manches retroussées, avec un short gris troué. Elle avait chaussé des baskets blanches, et portait un chapeau de la même couleur. Enfin, John était vêtu d’un t-shirt Jurassic World avec une silhouette blanche de Tyrannosaure sur fond rouge. Avec cela il avait mis un short blanc et des baskets Nike blanches.
     Un brouhaha incessant dominait le quai, alimenté par les valises qui roulaient sur le quai, les cris des enfants, le moteur du navire qui grondait… Des bannières ornaient les flans du quai, montrant les principales attractions du parc. Des employés accueillaient et dirigeaient les visiteurs. Une voix féminine jaillie des haut-parleurs.
     - Bienvenue à Isla Nublar, la maison de Jurassic World ! Nous vous souhaitons un séjour agréable et en toute sécurité avec nous. Dît-elle, suivit par plusieurs autres voix, masculines et féminines, dans toutes les langues.
     Au bout du quai, la montagne se dressait, recouverte d’arbres en tout genre. Un bâtiment s’y dressait, un escalator permettait d’y accéder. Il s’agissait d’une des stations du monorail qui parsemait l’île, pour y transporter ses nombreux visiteurs à chaque attraction, sans qu’ils n’aient besoin de se fatiguer à marcher.
      - Regardez-moi ça ! Si ce n’est pas magnifique ? Demanda Marc, en extase, au milieu du quai, face à la station.
     - Ca y est, il va commencer, se plaignît Clarissa, tournée vers sa mère.
     Lizzy ne fit pas attention à la remarque de sa fille, trop occupée à manipuler ses cheveux châtains et observer la montagne.
     - Qu’est-ce qu’on attend ? Demanda John, amusé par la réaction de son père.
     - L’illumination ! Répondit Marc.
     - Oh non ! Le soleil lui a déjà tapé sur la tête ! Se moqua Clarissa.
     Décidément, elle a l’air vraiment ravie d’être ici, se dit John.
     - Et ta teinture blonde, on en parle ? Attaqua-t-il.
     Clarissa serra les points mais ne dît rien.
     Pendant ce temps là, Marc reprit la route, suivit par sa famille. Ils arrivèrent au pied de l’escalator couvert par un toit en verre et en bois.
     Pendant qu’ils montaient, ils observaient des écrans attachés sur le toit de manière régulière. On pouvait y voir un trait blanc, parsemé de quelques points blancs situés dessus, sur un fond bleu clair. Un point violet traversait ce trait doucement, point par point. Il symbolisait le monorail.
     La famille, à la fin de l’escalator, passa entre deux petites tours quadrillées, faites de bois et de toiles couleur ambre. Ensuite ils marchèrent accompagnés de nombreux visiteurs vers l’aire d’arrivée du monorail. La station était couverte d’un toit en verre, le sol et les piliers en béton. Tout était design. Des barrières également en verre se dressaient face à l’unique rail, empêchant les visiteurs de tomber et de se faire écraser. Les mêmes écrans que sur l’escalator étaient attachés juste au dessus. Le monorail allait arriver dans quelques secondes.
     - Tenez-vous prêt, dît Marc. Si jamais on n’arrive pas à monter ensemble dedans, on se rejoint à la sortie de la station : Complexe Hôtelier. Compris ? 
    A cela, tout le monde hocha la tête. A peine ceci fait, le monorail déboula à grande vitesse et s’arrêta en douceur sans aucun grincement. Une foule de visiteurs descendait rapidement, pendant que d’autres montaient. John était quasiment collé à son père et purent entrer immédiatement, mais Lizzy et Clarissa se trouvaient encore derrière quand les portes se fermèrent. Marc fit signe à Lizzy pour lui dire qu’ils faisaient comme prévu, puis le monorail accéléra.
     John et Marc se trouvaient sur les deux sièges situés tout à l’avant, face à la vitre. Un groupe d’enfants y étaient collés et bavardaient entre eux. L’engin fusait à travers la jungle sur l’unique rail suspendu, laissant à peine le temps aux passagers d’observer le paysage environnent. Des voix sortaient des haut-parleurs pour donner des informations sur le parc ou sur les dinosaures.
     - Quel est le programme du jour ? Demanda John complètement impatient.
     - Tout d’abord on s’installe à l’hôtel et après je ne sais pas, qu’est-ce-que tu veux faire ? 
     John ouvrit une pochette située à l’intérieur de son sac à dos et y sortit délicatement la brochure bleue azur du parc.
     - Il y a tellement de choses à faire et à voir… Bon, je propose le Mosasaur Feeding Show ! Dit-il tout excité.
     Marc repositionna ses lunettes correctement sur son nez après les avoir nettoyés et accepta avec enthousiasme.
     Le Mosasaurus était le reptile marin préféré de John depuis son enfance. Il le possédait même en jouet, s’amusant avec inlassablement, imitant l’animal comme il avait pu le voir sur des livres documentaires. Que de bons souvenirs se disait-il en regardant la jungle impénétrable à travers la vitre du monorail.
     Une voix masculine sortit des haut-parleurs de la rame, ce qui fit sursauter John.
     - Bien, ceux parmi vous situés à l’avant du train peuvent admirer notre portail principal. La plupart des éléments proviennent du parc d’origine construit il y a 20 ans !
     Marc et John virent alors devant eux un gigantesque portail en bois, mesurant une dizaine de mètres de haut, bordé de chaque côté par plusieurs torches en feu et, en son sommet, se dressait le nom du parc aux caractères préhistoriques et bleus azur. John sentit alors le monorail ralentir en s’approchant. Une voix, celle d’une femme, prît le relais dans les haut-parleurs.
     - Mesdames et messieurs, bienvenue à Jurassic World ! 
     Puis les énormes portes du portail s’ouvrirent doucement avec un lourd grincement, comme si elles étaient antiques, présentent sur l’île depuis des millénaires. Face au père et au fils, s’étendait l’immense vallée centrale d’Isla Nublar avec son magnifique lagon.
     - Vite, prends une photo ! Cria Marc à son fils.
     John dégaina rapidement son appareil photo et photographia l’instant. Tout figurait : les arbres à gauche et à droite, l’immense portail, au bout, le lagon et le centre de l’île, et enfin la montagne. L’espace baignait toujours avec la couleur orangée que produisait le soleil du matin.

     Tout le monde était stupéfié par tant de beauté ! Les enfants, les adolescents, les parents, les grands-parents avaient l’impression de voyager dans le temps, de se retrouver dans un monde jurassique… 

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